Le repli du marché automobile en Europe, associé à un segment de l’électrique aux perspectives incertaines, exposent les constructeurs à une surcapacité de production.
© Ford
La baisse structurelle du marché automobile à l’échelle française et européenne interroge sur le dimensionnement des capacités de production des constructeurs. Le nombre d’usines et le potentiel des chaines d’assemblage actuels, pourraient conduire les industriels à accélérer les restructurations.
Le revers de l’électrification et des normes réglementaires s’apprête à impacter l’écosystème automobile. En première ligne, les équipementiers sont déjà contraints d’adapter leur outil de production. Forvia, Continental ou encore Bosch et ZF, réduisent la voilure.
La salve de plans sociaux annoncés ces derniers mois vise à rationnaliser et à simplifier les activités, mais aussi à réaliser des économies. Car la révolution industrielle induite par les véhicules 100% électriques percute de plein fouet les équipementiers de première monte comme de l'aftermarket.
Une baisse structurelle du marché automobile
Dans le même temps, la stratégie des constructeurs à privilégier la montée en gamme des véhicules au détriment des volumes, conduit à un décalage inévitable entre les capacités de production d’hier et les besoins actuels.
Sur un marché de l’automobile dont les ventes de véhicules neufs sont tombées à 1,774 millions d’unités dans l’hexagone, contre plus de 2,2 millions avant la crise sanitaire, et à 16,5 millions en Europe (hors Russie) versus 21 millions avant la guerre en Ukraine, les constructeurs disposent d’un outil de production surdimensionné.
La baisse structurelle de 20% représente le nouveau volume, estime Patrick Koller, directeur général de l'équipementier automobile Forvia (né de la fusion entre Faurecia et Hella). Un chiffre appelé à être stable, et à ne plus être dépassé, selon lui. « Ce n’est pas juste une baisse de la consommation, c’est un nouveau niveau mature européen. »
Etats-Unis, Italie, Allemagne dans l’œil du cyclone
Contraints également par un marché de l’électrique poussif, les constructeurs tentent de temporiser. Mais les annonces récentes de Stellantis engagé dans la réduction de ses effectifs en Italie et aux Etats-Unis, donnent un avant-goût des réajustements à attendre. De là à imaginer des fermetures d’usine, il n’y a qu’un sous-entendu déjà évoqué par Carlos Tavares, CEO de Stellantis, au regard de la situation en Italie.
Rappelons que les chaines d’assemblage de Mirafiori sont à l’arrêt depuis plusieurs mois faute d’une demande suffisante pour la Fiat 500e. Face aux pertes financières quotidiennes générées par une telle paralysie, la question du redimensionnement des capacités de production parait légitime.
En Allemagne, Ford a déjà annoncé la fermeture de son usine de Saarlouis pour 2025. Car les menaces de surcapacité de production en Europe planent sur les constructeurs. Elles pourraient se situer à 20% au vu du marché VN actuel.
L’abandon du segment A
Le retour à des volumes de production supérieurs supposerait une stratégie orientée vers des modèles du segment A, des versions sacrifiées sur l’autel de la rentabilité et des normes GSR 2.
Une logique de descente en gamme vers des modèles moins chichement dotés en équipement et donc plus abordables, à l’image de Dacia, à laquelle semble se refuser pour l’heure les constructeurs, préférant perdre en volume ce qu’ils gagnent en valeur.
